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15 octobre 2008

BIEN PARLER FRANÇAIS : RESPECT DE LA DICTION OU RESPECT DE LA GRAMMAIRE ?

BIEN PARLER FRANÇAIS : RESPECT DE LA DICTION OU RESPECT DE LA GRAMMAIRE ?

Bien qu’étant africain, Congolais de naissance et de nationalité (RDC), ma langue maternelle et celle que je parle et que j’emploie très couramment est le français. Celui-ci ne surpasse nullement en cohérence ni en vocabulaire certains dialectes et langues africains, mais est assez beau pour qu’on lui consacre toute une Académie, histoire de la protéger. Par ailleurs, ça fait toujours plaisir d’entendre quelqu’un qui converse correctement dans la langue de Voltaire. Euh… Au fait, qu’est-ce donc, correctement converser en français ?

1. Est-ce avoir une bonne diction ?

À n’en pas douter, de tous les pays d’Afrique noire, la RDC peut être fière d’une population qui parle français sans accent local prononcé, du moins pour ceux qui parlent français. Cela est plus visible à Kinshasa et à Lubumbashi, surtout chez les filles. Il est véritablement des gens dans ce bled qui s’expriment si correctement qu’on croirait avoir en face de soi un natif de Nanterre ou de la Villette. D’autres même en font quelque peu trop, notamment en adoptant des troncatures suspectes des mots et des airs maniérés de faux snob.

Parler comme un Français de l’Île-de-France fait plaisir à entendre, certes. Toutefois, il se pose deux questions essentielles. Tout d’abord, on est en droit de se demander ce qu’avoir une bonne diction du français. Est-ce la diction du journaliste de France 24 ou plutôt celle du banlieusard d’un HLM de Lyon ? Est-ce parler comme un Marseillais ou plutôt comme un Québécois ou un Wallon pur et dur ? Ensuite, à mon sens, une bonne diction du français perd de toute sa substance si le locuteur s’érige en champion de fautes grammaticales. C’est que son discours aura l’apparence d’un tableau de Renoir parsemé de trous disgracieux…

2. Est-ce respecter les règles grammaticales ?

La célébrissime série comique burkinabé Bobodiouf ou encore le show ivoirien non moins culte Ma famille montre à suffisance l’accent prononcé qui teinte le français des Ouest-Africains. Au-delà des scènes burlesques qui y foisonnent, tentez de vous penchez sur la forme des phrases. Il est vrai que les articles sont très souvent masqués (par effet de style ou par humour), mais en globalité, les tournures grammaticales s’avèrent très correctes. Essayez d’écouter un ministre togolais, sénégalais, voire canadien, et un ministre congolais de la RDC. Je ne dis pas que nos ministres commettent des fautes à tout bout de locution. Je veux simplement dire que la limpidité, la structure syntaxique et le respect des accords se présentent plus fréquents et plus remarquables chez nos amis du côté occidental d’Afrique ou du Canada. Et quasiment tout ce monde dont je viens de parler, contrairement à mes compatriotes rdciens, parlent un français caractéristique.

Parler sans commettre de fautes ou en commettant peu de fautes constitue un atout non négligeable dans les communications. Cependant, lorsque l’accent régional est trop prononcé, la compréhension du discours devient de plus en plus restreinte, cantonné en fait à la contrée dans laquelle ledit accent règne. C’est qu’il ne s’avère pas toujours aisé d’écouter et d’entendre parfaitement ce que dit un Canadien digne de ce nom quand il parle français. De même pour un Malien étant né et ayant grandi dans son dialecte, qui peut certes maîtriser la grammaire, mais qui peine à se faire comprendre. C’est alors qu’il convient de s’inventer un standard, tant dans la prononciation que dans la syntaxe et dans les règles grammaticales. De nos jours, les linguistes s’accordent à dire que ledit standard est le français parisien, courant dans les milieux aisés et moyens de l’Île-de-France et parlé dans le monde journalistique de référence comme TF1 ou RFI. Ceci est alors une réponse à la question précédemment posée de savoir quelle est la diction de rigueur (même si cette réponse est toute subjective).

En somme, parler français dans le respect des recommandations des ouvrages de Maurice Grevisse, mais avec un accent qui rende la compréhension malaisée, s’apparente à un vase harmonieux dans ses formes, mais peu soigné dans sa présentation, vu ses couleurs trop ternes ou mal assorties.

3. Conclusion

L’idéal, que beaucoup de gens atteignent quotidiennement, est de parler français en alliant bonne diction à respect de la grammaire. À défaut, et cela constitue la grande majorité des cas, j’estime, et cela n’engage que moi, qu’il convient de préférer le respect de la grammaire à une diction parfaite. En effet, alors que chaque coin de la planète a sa diction du français et que ce n’est que par pure fantaisie qu’on admet que la diction parisienne est la meilleure[1], la grammaire, en revanche, demeure statique (ou du moins évolue lentement), connue et quasiment codifiée. Tout francophone ou francophile doit s’y conformer. En d’autres termes, les critères de diction semblent plus subjectifs que les critères de respect de grammaire. 



[1] Si on devait s’en tenir à des critères purement objectifs, la diction de référence serait celle du Canadien québécois, qui a assez bien conservé les intonations et les tournures des Français du 16e S. Ici, la langue n’a pas été trop altérée au fil du temps, contrairement au français de France qui a subi de multiples influences et qui, de facto, a perdu de sa naturalité. Avis personnel à discuter, bien entendu…

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Commentaires
R
J'avoue que je n'en connais aucune. Mais je cherche, promis...
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C
Je cherche des CDs d'accent français standard. Pourriez-vous me donner des références?
Répondre
C
Je cherche des CDs d'accent français standard. Pourriez-vous me donner des références?
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C
Je cherche des CDs d'accent français standard. Pourriez-vous me donner des références?
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W
Mon avis sur la question de la diction , je pense que la diction doit etre une obligation en ce sens qu' elle facilite la communication entre les personnes parlant la dite langue .Mieux on y devrait songer un jour à introduire dans nos programmes scolaires et universitaires la diction comme matiere au meme titre que les maths, francais ,etc...
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